1736-07-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Germain Louis Chauvelin.

Monseigneur,

Je me trouve enfin déshonoré après avoir essuié deux années entières d'exil, et de persécution pour ce malheureux livre qui n'a jamais vu le jour que pour l'utilité d'un amy.

Je passe dans Paris pour être condamné à L'aumône quoy que Mr Heraut n'ait pas été juge en ce procez. Faut il qu'il me vende si chèrement une médiation? Le factum de Jore étoit tout ce que j'aurois voulu empêcher, mais àprésent au lieu d'acheter La soustraction de ce procez, j'achèterois plutôt un jugement juridique en justice réglée, qui fît voir qu'en effet je ne dois rien à ce misérable Jore.

Donner 500lt d'aumônes c'est signer ma honte.

J'attends tout de votre protection.

Si vous voulez me parler, je me suis traîné malade à votre porte.

Je suis avec respect et reconnaissance

Monseigneur

Votre très humble, très obéisst et très obligé serviteur

Voltaire