1738-07-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Il n'y a mon cher abbé qu'à renvoyer la montre, et lorsqu'on vous présentera le billet de 840lt de la part de Vidal vous direz que cette montre estimée par luy 29 louis d'or a été renvoyée et luy sera rendue.
Ainsi il faut rabatre 676lt sur le billet, plus environ 2 ou 300lt que je luy fournis d'ailleurs, et il me sera redevable. Ainsi point d'argent pour luy.

Si on pouvoit vendre la montre, et les diamants séparément et qu'on pût en retirer 650lt: de tout mon cœur. En ce cas je consens à cette petite perte; sinon renvoyez la.

Par quelle route est donc passé le Télescope dont je n'entends point parler?

Il y a baucoup d'insolence à Demoulin de menacer de faire un mémoire, et cela seul demande qu'on le punisse. Il seroit bon même que cela fût prouvé, mais comme mr Dargental s'est interposé dans cette affaire, et que j'ay promis d'attendre le mois d'aoust, je dois faire pour mr Dargental ce que je ne ferois pas pour Dumoulin. Il faut donc surseoir les suittes de la procédure jusqu'à la fin d'aoust, et les continuer ensuitte s'il ne paye point. Je suis très fâché que mr Dargental s'intéresse pour ce misérable, mais vous voyez bien par la lettre de mr d'Argental que ce n'étoit point luy qui vous avoit écrit celle dont vous vous plaignîtes l'année passée. Si le petit la Marre a encor l'impudence de venir menacer de la part de Dumoulin, ou même s'il se présente pour vous parler, faites luy passer la porte en cas que vous ne vouliez pas vous servir de la fenêtre.

Le paquet pour la Suisse, par la poste, en cas qu'il ne faille pas afranchir.

Point d'argent à Praut que sur nouvel ordre.

Quelles nouvelles des Barassi, Dauneuil? etc.

Je vous prie de me faire acheter six mains de papier citron pour platfoner un cabinet qu'on veut vernir.

Voicy la procuration. Faites presser je vous prie cette affaire, et mandez moy le nom du fondé de procuration.

Je vous embrasse.