1738-07-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

J'ay receu votre Lettre du quatre mon cher amy.
Je vous renverray une autre procuration que vous remplirez du nom qu'il vous plaira. Je ne crois pas que Mr de Richelieu me doive autant que vous me dites, mais en tout cas la procuration sera pour recevoir ce qu'il se trouvera dû. Je compte que vous aurez enfin donné douze cent francs à Mr Nolet, de la meilleure grâce du monde; et que vous luy en aurez promis autant à sa première réquisition.

La chose qui me tient à présent le plus à cœur c'est la distribution de mes livres, en cas qu'ils soient corrigéez selon mes intentions et bien reliées. Mr Cousin, jeune homme extrêmement serviable et entendu, se charge de la distribution. Ainsy vous aurez la bonté de luy donner tous les livres qu'il demandera selon le mémoire à luy envoyé et vous aurez aussy la bonté de luy rembourser l'argent qu'il aura dépensé; si vous avez quelques amis philosophes, vous pourez leur fait part du livre.

Je n'ay point encor envoyéz à Bar sur Aube pour le télescope. Je vous suplie dans le premier envoy de ne pas oublier trois bons canifs.

Je vous embrasse tendrement. Ma santé va bien mal.

Pas un sou à Praut que je n'aye arrêté son compte, et que je ne sache ce que je dois payer de chaque volume. Vous pouvez toujours luy donner les 500lt pour les autres livres qu'il a fournis à Cirey, mais encor une fois pas un sou au delà. Mais surtout 1200lt à l'abbé Nolet.

Voltaire