1738-07-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Ma mauvaise santé Mon cher amy, m'empêche de vous répondre de ma main.
J'ay receu le gros paquet du prince acompagné de votre aimable lettre. Je trouve celle qu'on a écrite à Rameau assez plaisante. Je vous prie de me mander à qui on l'atribue. Vous devez avoir reçu un gros paquet de moy contenant des lettres qu'il faudra rendre ou envoyer à ceux à qui nous donnerons la nouvelle édition de Neuton.

Mr Cousin, jeune homme qui veut bien travailler à Cirey en phisique avec moy, vous aportera les exemplaires avec le mémoire que je luy ai donné. Vous êtes prié mon cher amy de prendre ceux que vous jugerez à propos et de donner la liste des personnes à qui vous en destinerez afin que Mr Cousin n'aille pas en présenter à ceux qui auront l'agrément d'en recevoir de votre main. Je vous prie de luy bien expliquéz vos intentions à fin qu'il s'y conforme. Je ne vous demande point pardon de mes importunitez. Il faut bien que ce soit mon meilleur amy qui fasse les honneurs de mes ouvrages. Je n'ay pas le temps de vous en dire Davantage père Mersenne, je vais me coucher. Bonsoir. Je vous embrasse tendrement. J'ay bien de l'impatience de vous voir.

Je me flatte que mr Dargental passera à Cirey en allant à Pondevele. Je voudrois bien qu'il vous y trouvast. Il n'a jamais rien fait de si sage que de ne point allerà sr Domingue, et vous ne ferez jamais rien de si bien que de venir nous voir.

V.