ce 14 avril [1737]
Je reçois votre lettre du six avril mon cher abbé.
Je vous prie de faire attention que vos lettres sont d'ordinaire six ou sept jours à me parvenir. Je crois que les miennes mettent le même temps. C'est à vous de confronter mes dattes avec le jour de la réception.
J'enveray chercher les 2 balots qui doivent être à Bar sur Aube. Je suis fort aise que nous n'ayons point donné dans l'inventaire de madame de Verrue. Je me trouve dans une situation qui m'oblige d'avoir toujours une grosse somme d'argent devant moy dont je puisse disposer.
Je suis fort aise que l'on ait écrit à mes créanciers, mais il faut en excepter mr d'Estaing, dont le fermier a payé l'année 1736. A L’égard de mr de Richelieu, il ne faut pas presser; il y auroit trop d'empressement à exiger si tôt le payement d'une année à peine échue, ou plutôt 9 mois de cette année, c'est à dire 3 mille livres, d'un homme qui vient d'en payer quarante trois mille. Il faut surtout en parlant à l'intendant luy dire que l'on demande cet arrangement dont il est question, uniquement pour mettre plus de facilité dans cette affaire. Il faut absolument demander à mr le prince de Guise la permission de s'assurer d'une délégation sur un de ses fermiers pour qu'il n'ait pas l'embaras du détail et moy l'embaras de n’être point payé.
Outre les 2400lt données à mr le marquis du Ch. il faudra encor luy donner 1200lt.
Je vous prie de me faire chercher partout des nouvelles à la main que j'ay demandées et surtout que le prix des actions y soit spécifié. On les enverra à Cirey par Vassy, par la poste ordinaire deux fois par semaine.
Je compte que vous avez eu la bonté d'envoyer dans la caisse, la quittance dictée par le sr Patu, ou que vous la remettrez à mr le marquis du Chastelet, et luy donner les 50 louis que je vous prie de luy donner. Je vous embrasse tendrement.