à Amsterdam ce 18février 1737
Dans quelque pays que je sois divine Talie, je ne vous oublieray jamais.
On me fait icy plus d'honneur que je n'en mérite. Un magistrat d'Amsterdam a traduit la mort de Cesar, on va la jouer, et il me l'a dédié. Je ne suis pas traitté ainsi dans mon pays, mais votre amitié me console bien des injustices que j'y essuie. Je sens bien que si je vivois auprès de vous je ne travaillerois que pour les arts que vous enbellissez, mais loin de vous il faut bien être philosophe. Je vous prie quand vous verrez les deux frères de les assurer de mon tendre attachement. Je vous souhaite le nouvau bonheur dont je jouis, du repos. La calomnie m'empêchoit de le goûter en France. C'est à l'abbé Desfontaines à y demeurer, à Roussau à y revenir, et pour moy il ne me convient que la retraitte. Comptez à jamais sur la tendre amitié que je vous ay voué pour toutte ma vie.