[c. 15 January 1737]
…Je vous confesse àpressent que je savois que le sieur de Revol étoit le sieur de Voltaire, mais il m'avoit demandé le secret dans la letre qu'il m'écrivit peu de jours après la première.
Vous êtes trop juste pour me blâmer d'avoir tu un secret qu'on m'avoit confié. S'il m'avoit regardé uniquement je n'aurai balancé à vous avouer ce que je savois, mais je n'étois point le maitre de divulger le secret d'un tiers. Je me flatte que m'a conduite vous paretra sage et prudente et qu'elle vous prouvera que je me sçai taire lorsqu'il le faut. Je savois que son voyage n'étoit uniquement que pour profiter des leçons et des lumières de Scravesendes sur la philosophie de Neuton qu'on imprime actuellement. Pardon encor une fois d'un mistère donc je n'étois pas le maitre. Il n'y a aucun danger qu'il parle sur mon séjour et je sçay à n'en pas douter qu'il voudroit trouver toutes les occasions de pouvoir m'obliger. Vale, ego quidem valeo.
le marquis d'Argens