1752-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Baptiste de Boyer, marquis d'Argens.

Mon cher Isaac, il est vrai que j'ai enfoncé des épingles dans le cul, mais je ne mettrai point ma tête dans la gueule.
Voici la lettre pour le docte éditeur qui a sans doute débité la diatribe du célèbre médecin du pape. Je vous prie de la montrer tout coup vaille, et de me la rapporter ensuite avant le départ de la poste.

Je vous prie de lire attentivement l'art. ci-joint du Dictionnaire de scriberius audens, et de me le rendre, et de m'en dire votre avis. Je suis fâché que vous ne vous appliquiez plus à ces bagatelles rabbiniques, théologiques et diaboliques; j'aurais de quoi vous amuser. Mais vous aimez mieux à présent la basse de viole. Tout est égal dans ce monde pourvu qu'on se porte bien et qu'on s'amuse.

Si benè vales, ego quidem non valeo … te amo, tua tueor. Avez vous reçu votre contrat? Songez je vous en prie au livre de l'abbé de Prades, et à la religion naturelle: c'est la bonne, il faut l'avoir dans le cœur.