1740-10-01, de conte Francesco Algarotti à Voltaire [François Marie Arouet].

Si vales bene est, ego quidem valeo.
Le roi n'a pas voulu ou eu le temps de lire la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Il s'est contenté que je lui en fisse un extrait, et j'ai bien senti combien les extraits étaient difficiles à faire. Il m'a répondu que vous lui aviez déjà écrit deux lettres, sur le même sujet. Il a eu hier un accès de fièvre, mais plus faible que les autres. J'espère qu'elle est à sa fin, et que dorénavant il ne frissonera plus de perdre un temps qu'il destine au bonheur du monde. Ne serait ce pas être bien hardi que d'ajouter encore quelque chose à ma lettre? Aussi monsieur je finis en vous assurant que personne au monde n'aime, n'estime et n'honore davantage l'esprit de notre siècle, le Virgile et le Lucrêce français. Aimez moi et recommandez moi à l'aimable monade d'Emilie.

Votre très humble et très obéissant serviteur

Algaroti