1731-08-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Comment va votre santé, je vous en prie?
Mandez le moy, vous pouvez compter que je m'y intéresse comme une de vos maitresses. Mais si vales macte animo et pour dieu faites ce troisième acte, et que je ne dise point ultima primis, non bene respondent. On a lu Jules Cesar devant dix jesuittes, ils en pensent comme vous. Mais nos jeunes gens de la cour, ne goûtent en aucune façon ces mœurs stoiques et dures. J'ay un peu retravaillé Eriph. et j'espère la faire jouer à la st Martin. Je menay hier mr Crebillon chez mr le duc de Richelieu. Il nous récita des morceaux de son Catilina qui m'ont paru très baux. Il est honteux qu'on le laisse dans la misère. Laudatur et alget. Savez vous que mr Chauvelin le maître des requêtes fait travailler à une traduction de mr de Thou? Je crois vous l'avoir déjà mandé. Ce jeune homme se fait adorer de la gent littéraire.

Adieu mon cher amy en vous remerciant des deux corrections à la Henriade. Mr de Formont me les avoit mandées. Elles sont très judicieuses. Vale.