30e 7bre 1767
Mon ancien ami, j'ai été fort occupé, et ensuite fort malade.
Je n'ai pu vous remercier aussitôt que je l'aurais voulu des bons conseils que vous avez donnés à la Duchêne. J'ai chez moi un régiment entier que les tracasseries de Genêve nous ont attiré. Aucun des officiers qui sont dans mon château ou dans mon village, ne sait si le capitaine Belizaire a des querelles avec la Sorbonne. Les officiers soupent chez moi pendant que je suis dans mon lit, et les soldats me font un beau chemin aux dépends de mes bleds et de mes vignes, mais ils ne me défendront pas du vent du nord qui va me désoler pendant six mois ou qui va me tuer.
Tâchez de conserver vôtre santé, et que je puisse vous dire Si bene vales ego quidem valeo.
Je ne sais plus où vous demeurez. J'envoie cette lettre à mr d'Amilaville dont la santé m'inquiète beaucoup, et dont l'amitié toujours égale, ardente et courageuse est pour moi d'un prix inéstimable.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.