1736-12-20, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Élisabeth Sophie de Lorraine, duchesse de Richelieu.

. . . J'ai mandé à mme de Richelieu son voyage en Prusse; que les instances du prince royall'ont rendu indispensable; que j'espérais que pendant son absence, elle ne l'oublierait pas; que je la priais de parler de son voyage au garde des sceaux, qui sans doute ne le désapprouverait pas; la reconnaissance seule le lui avait fait entreprendre, et je la conjurais de profiter de cette occasion et de son absence pour tâcher de démêler les dispositions du garde des sceaux, et le faire expliquer sur son compte; qu'elle lui fît sentir combien il serait honteux à lui de persécuter un homme que les princes étrangers traitaient avec tant de considération; il ne donnerait jamais rien au public qui pût fournir le moindre prétexte contre lui; qu'on devait être content de sa conduite depuis qu'il était ici; le Mondain ne pouvait pas être un prétexte sérieux; que cependant on l'avait menacé à ce sujet, quoiqu'il ne fût point imprimé; enfin, depuis un an, il avait donné une comédie et une tragédie, et des menaces ne devaient pas être la récompense d'un homme qui faisait tant d'honneur à son pays . . . .