Mon cher maitre, j'ay enfin reçu votre prosodie, petit livre où il y a baucoup à aprendre, qui étoit très difficile à faire et qui est fort bien fait.
Je vous en remercie et j'ay grande envie de voir Le reste de L'ouvrage.
Mandez moy donc tout franchement si vous croiez que L'ode puisse tenir contre cette ode de mr Racine. Vous n’êtes pas dans la nécessité de Louer mon ode parce que je loue votre prosodie. Vous ne me devez que la vérité car c'est la seule chose que vous receviez de moy quand je vous loue et je vous auray plus d'obligation de vos critiques dont j'ay besoin que vous ne m'en aurez de mes éloges dont vous n'avez que faire.
Qu'es ce que c'est, mon cher abbé, qu'une comédie intitulée l'enfant prodigue qu'il a pris en fantaisie à la moitié de Paris de m'atribuer? Je suis bien étonné que l'on parle encor de moy. Je voudrois être oublié du public et jamais de vous.
à Cirey ce 5 [November 1736]