4 aoust [1738]
Mon cher abbé, voici deux petites négociations littéraires dont je vous prie de vous charger.
La première est de faire transcrire cette ode de Mr de Cidevile, conseiller au parlement de Rouen. Il exige qu'elle paraisse dans le mercure et malgré les louanges qu'il m'y donne, il faut luy obéir. Mais il ne convient pas que son nom soit tout du long à la tête. La lettre initiale suffit. Il s'agit ou de la donner vous même à mr de la Roque, votre confrère en curiositez et dont vous verrez le charmant cabinet, ou de la luy envoyer.
La seconde négociation est de faire porter ce paquet cy joint à mr l'abbé Prevost, dont on peut savoir la demeure chez Didot le libraire. Je serois fort aise que cet abbé à qui j'ay déjà envoyé un de mes livres fût de mes amis. Le meilleur moyen c'est que vous luy parliez et que vous l'assuriez de mon estime et de L'envie de L'obliger. Il s'agit qu'il imprime ce manuscrit dans le pour et contre.
Vous avez sans doute donné 1000lt à mr Cousin, 800lt à mr et à me Pitot. Je crois par parentèse qu'il faut que madame Pitot soit autorisée de son mari en justice pour signer le billet.
Je prévois que j'auray encor besoin de baucoup d'argent. Ainsi ne renouvellons point le marché des 20000lt avec mr Michel, jusqu'à nouvel ordre, et tâchons je vous prie d'avoir ces vingt mille livres tout prêts à un coup de siflet.
Que doit mr D'Auneuil? N'y a t'il point de nouvelles publiques?
Je prie instament mr votre frère de passer chez Praut et de le gronder baucoup de ce que je n'ay point de nouvelles d'une caisse, partie, dit il, il y a trois semaines. J'ignore si c'est par le coche ou par les rouliers. C'est un homme qui n'aura jamais d'exactitude.
Je vous embrasse. C'est vous qui êtes un homme exact. Vous avez touttes les bonnes qualitez de la société.
V.
Je vous prie de demander une Henriade reliée à Praut et de la donner à mr Darnaud.