1736-03-20, de François Thomas Marie de Baculard d'Arnaud à Étienne André Philippe de Prétot.

C'est vous faire ma cour, monsieur, que de vous envoyer les vers que j'ai composés au sujet des tragédies de l'illustre m. de Voltaire.
La haute estime que vous avez pour les ouvrages d'un homme qui fait tant d'honneur à sa patrie par ses talents universels, vous rendra peut-être agréable la lecture des faibles essais d'une muse naissante: heureux, s'ils méritaient l'approbation des personnes qui ont le goût aussi délicat que le vôtre! Il se répand dans le public depuis quelques semaines, une épître adressée au brillant auteur d'Alzire: elle commence par ces mots:

Rare génie, ornement de la France.

On me l'a attribuée sans fondement; je n'y ai aucune part. Cela me ferait souhaiter de mettre au jour mes vers tels qu'ils sont, si vous le jugez à propos. Soumis de bon cœur à votre décision, j'attends tout de votre indulgence. Si c'est mon destin d’être imprimé, faites moi grâce de la prose qui faisait partie des lettres que j'ai eu l'honneur d’écrire au poète incomparable de notre siècle. Je finis par ce proverbe, Ne mihi sis Patruus, en vous assurant que je suis dans les sentiments d'une sincère et tendre vénération, m. &c.

Ba . . . d'Arnaud