1766-04-08, de Anne François Duperrier-Dumouriez à Voltaire [François Marie Arouet].

Je m'aquite, Monsieur, avec bien de la Reconnoissance, d'un double Remerciment.
Vous avez bien voulu agréer mon hommage, et vous y avez ajouté un Prix inestimable.

Quel Préjugé en faveur de Richardet, que celui qui ne Laisse plus au lecteur la Liberté de L'Examen, et qui luy fait une Loy d'aplaudir à un ouvrage au quel vous avez daigné sourire! mais quelle Magie est la vôtre! et qui pourroit ne pas se laisser Ebloüir par cette foule d'images charmantes, par ces amas de fleurs prétieuses, prodiguées en si peu de Lignes. Je vous devray, Monsieur, L'indulgence dont vous donnez l'Exemple.

J'ay dit que vous vous êtes soumis tous les genres. Ah, pardon. Je devois dire que vous avez Embelli tous ceux qui nous étoient connus, et que vous nous avez enrichis d'une infinité de nouveaux. La gaité, les grâces, La volupté, animent tout ce que produit votre génie.

Tant de succès divers nous font connoitre assez
Pourquoy de L'Helicon chaque nimphe immortelle
Avec amour, avec joye, avec Zèle,
Vous offre ses vœux Empressez.
La Muse que vous caressez
Sort de vos bras plus brillante et plus Belle.

J'ay L'honneur d'être avec la plus haute Estime, et L'admiration la plus vive et la plus sincère,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Du Mouriez Chv͞e. de St Loüis, rüe des fossez Montmartre chez Mr Du Pille.