1735-01-18, de Jean Baptiste Nicolas Formont à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Je vous écris mon cher ami pour Le plaisir de vous écrire car je n'ay Rien de nouveau à vous mander.
Les nouveautés des Spéctacles jusqu’à présent ont été détestables. On prépare Achille et Deidamie, on doute fort de la musique vu L’âge de Campra. Il n'y a point de Livres nouveaux qu'une vie de Julien L'apostat dont on dit du Bien. Elle est d'un père La Bleterie de L'oratoire, il y parle d'un apostat à peu près aussi Bien qu'un chrétien Religieux peut faire. Je Lis L'ouvrage de mr de Reaumur sur Les insectes, c'est un gros in 4. et ce n'est que Le premier volume. Cela est fort Bon et Bien fait, il y a des détails ennuyeux pour ceux qui ne se soucient pas d’être instruits très exactement mais il y en a d'autres extrêmement Curieux.

J'apris hier que L'affaire de Voltaire alloit Bien. Le ga. des Sc. a dit qu'il avoit vu Le pr. gén. et qu'il en faisoit son affaire. Je soupe demain chés mde Duchatelet avec très Bonne compagnie et il sera question de Luy. J'espère y entendre Les paroles de mr Depontevel sur Le pas de six qui sont à ce que dit tout Paris charmantes.

On vient de faire 3 maréchaux de France, Le duc de Biron, Le prince de Tengri, mr Depuisegur. Mr de Coigni a été Reçu du Roy comme il Reçoit: à quelle heure êtes vous arivé mr Le maréchal? vous avés une vilaine perruque, et en se détournant, mon dieu qu'il est changé. Voilà tout, et c'est pour cela qu'on va se faire tuer. Les plus grandes difficultés à La paix viendront de La part de L'Espagne qui a des prétentions exorbitantes. On croit cependant qu'il n'y aura qu'une Campagne et Le fort sera en Italie.

Comment va Almeide? Il ne pourra pas La faire jouer cet hiver car en voilà deux qui passeront devant. Je vois toujours afiché ce gueux de Sabinus. Adieu mon cher ami, je vous enbrasse de tout mon coeur. Toujours des amitiés à tous nos amis.