[ce 5 9bre 1734]
Je suis trop malade mon très cher amy pour répondre une seule rime à vos vers charmants, mais j'ay du moins assez de force pour vous supplier au nom de la tendre amitié que vous avez pour moy de ne point prendre d'autre maison que la mienne, et de vouloir bien loger dans mon apartement.
Du Moulin et sa femme vous marqueront par leurs soins avec quel zèle je voudrois vous y recevoir moy même. Je ne pouray vraisemblablement, être à Paris qu’à noel. Mais vous mon cher amy pour combien de temps y êtes vous? pui-je me flatter de vous y retrouver encore? Vous me parlez en très jolis vers de mes prétendus voiages, et vous ne me dites rien de vous. Pourquoy donc faites vous plus de cas de mon esprit que de mon cœur?
Je vous embrasse tendrement; si vous m'aimez logez chez moy. Adieu. Quand viendra donc le temps où je vous acableray tout le jour de prose, et de vers?
Ne sachant pas votre adresse, j'ay prié mr Dargental de vous rendre ce chifon. Ce Dargental est bien digne de vous. Je luy envoye Samson pour vous être montré en attendant mieux.