à Cirey 10 février 1736
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Voilà comme je voudrais changér ce morceau. Voyez mon cher amy si vous le trouvés bien et si vous voulez qu'on le dise.
Vous avez dü recevoir Samson par Mr le marquis du Chatelet, la dédicasse à madame la marquise, et le discours que je vous adresse sont s'en doute entre vos mains. J'ay écrit à Mr Rouillié pour le suplier de prévenir les éditions furtives dont on me menace. Je dois craindre Launay comme jaloux et comme corsoire. Il faut que vos honnettetés le fasse Rougir de ses mauvais procédés et que Mr Rouillé le prévienne ou le punisse. Mr le président Henault, Mr Dargental, Mr de Pondevelle peuvent me servir. Je vous suplie de leur en parler.
Je voudrais donner quelques jolies estampes bien en Cadrés à Mr l'abbé Prevost. Mandé moy s'ils les accepteroit.
J'ay oublié dans mes dernières Lettres de vous parler du projet que vous aviez de métamorfozer Samson en Hercule. Eh que deviendroit la ruine du temple? Plus j'y pense, plus je crois que cet opera tel qu'il est peut fournir la musique la plus neuve, et le spectacle le plus brillant. Il me semble que Dalila n'est pas froide et que Samson intéresse. Je me flatte au moins d'avoir mis par tout, le musicien assez à son aise. C'est le seul mérite dont je suis jaloux. Prêtez vous donc je vous en prie à ce nouveau genre d'opera, et disons avec Horace, o imitatores servum pecus. Emilie vous fait mille compliments. Je suis toujours un peu malade. Sans cela vous auriez bien plus de prose de moy, et Bernard auroit des vers.
V.