1768-03-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

Vous êtes fort comme Samson, mon cher ami, vous triomphez de tout.
Vous me faittes aimer Samson plus que je ne croiais. Je suis plus faible que lui et n'ai pas plus de cheveux. Je regrete plus made Denis qu'il ne regrettait Dalila; mais son voiage à Paris était absolument nécessaire. C'est elle qui va combattre pour moi contre les Philistins; et d'ailleurs nos affaires abandonnées depuis longtemps étaient absolument délabrées. Elle a pris son parti courageusement, elle aura la consolation de vous voir, et moi du moins j'aurai celle de voir Eudoxie. Je vous avertis d'avance que j'en attends beaucoup. Vous aurez plutôt fait cinq bons actes que vous n'aurez trouvé des acteurs. Mon Dieu que vous êtes aimable! que vous êtes essentiel! que je vous suis obligé d'avoir parlé à Mr De Sartines comme vous avez fait! Il aura bientôt de mes nouvelles et vous aussi, et le cher Marin aussi.

A propos, je me mets aux pieds de Madame vôtre sœur. Embrassez pour moi Maman, L'Enfant, et Mr Dupuits.