Le 3 août [1732]
Tressan l'un des grands favoris
Du dieu qui fait qu'on est aimable,
Du fonds des jardins de Cipris,
Sans peine et par la main des ris
Vous cueillez ce laurier durable
Qu’à peine un autheur misérable
A son dur travail attaché,
Sur le haut du Pinde perché
Arrache, en se donnant au diable.
Vous rendiez les amants jaloux,
Les autheurs vont être en allarmes,
Car vos vers se sentent des charmes
Que l'amour a versé sur vous.
Tressan comment pouvez vous faire
Pour mettre si facilement
Les neuf pucelles dans Cithere
Et leur donner votre enjouement?
Ah prêtez moy votre art charmant,
Prêtez moy votre voix légère.
Mais ce n'est pas petite afaire
De prétendre vous imiter.
Je peux tout au plus vous chanter
Mais les dieux vous ont fait pr plaire.
Je vous reconois à ce ton
Si doux, si tendre, si facile,
En vain vous cachez votre nom
Enfant d'amour, et d'Apollon,
On vous devine à votre stile.
Revenez vite faire un enfant à toute autre qu’à la mère de Septimus. Si vous êtes actuellement avec messieurs de Cideville et de Formont, je vous en fais à tous trois mon compliment, et je vous porte envie à tous trois.