à Fontaineblau ce 18 [October 1725]
Gervasi va partir pour vous aller voir.
J'en voudrois bien faire autant, mais jamais mon goust n'a décidé de ma conduitte. Je me flatte qu'il vous trouvera en bonne santé, et que ce sera un voiage D'amy plutôt que de médecin. Il vous dira touttes les petites nouvelles de la cour dont je ne vous parle point. Ne m'en sachez pas mauvais gré, j'aime bien mieux quand je vous écris vous parler de vous que de ce qui se passe icy. Je suis bien plus inquiet de votre santé et plus ocupé de ce qui vous regarde que de touttes les tracasseries de Fontaineblau. Je vais demain à Bellegarde; je vous en prie, que je retrouve une lettre de vous à mon retour. Mademoiselle le Couvreur qui je croi vous écrit souvent, me charge encor de vous assurer de ses respects. Elle réussit ici à merveille, elle a enterré la Duclos; la reine luy a donné hautement la préférence. Elle oublie au milieu de ses triomphes qu'elle me hait; n'allez pas oublier au milieu de vos rumatismes que vous m'avez aimé, et rompez un peu le silence que vous gardez avec moy ou du moins faittes moy écrire par votre chancelier. Surtout faittes moi savoir combien de temps vous resterez encor à la Riviere. Permettez moy de saluer tous ceux qui y sont, et d'envier leur destinée. Je n'ose dire de venir la partager; car vous ne m'en croiriez pas, mais si vous restez encor un mois ou six semaines, je viendrai assurément. Mais au nom de dieu conservez votre santé. Elle dépend de vous, je vous le répète encore, baucoup plus que de tous les médecins du monde. Soiez sobre et votre santé sera aussi bonne qu'elle m'est chère.