1723-10-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je pars de Villars dans le moment.
J'avois fait mon acomodement avec mr de Richelieu à condition que j'irois le trouver à Sully, mais je donne la préférence à la Riviere. Je vais coucher ce soir à Maisons. Je compte trouver une lettre de vous à l'hôtel Richelieu. J'en ai déjà reçu une à Villars où vous me mandez de bonnes nouvelles de Henri. Mais vous ne me parlez point des trois cartons. Songez je vous prie qu'ils sont tout trois d'une très grande conséquence. Mandez moy à Maisons par st Germain comment on s'y est pris. Il pleut des critiques d'Ines où il est parlé de moy tantôt en bien tantôt en mal, et toujours assez mal àpropos. Je croi que tous les poètes du monde se sont donnez le mot de faire chacun une Marianne. Vous trouverez la mienne bien changée à mon retour. Je me suis déterminé à ôter absolument à mon héroine une passion qui toutte excusable qu'elle étoit ne servoit qu’à justifier sa condannation et par conséquent à diminuer la compassion qu'on doit avoir pour elle. La vertu de Marianne sera désormais sans tâche. Mandez moy si vous l'aimez mieux dans ce goust là. Adieu.