1724-08-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Il faut encor mon cher Tiriot que je passe ici douze jours.
Monsieur de Richelieu compte prendre des eaux ce temps là, et je ne peux pas l'abandonner dans la douleur où il est. Pour moi je ne prendrai plus d'eaux. Elles me font baucoup plus de mal qu'elles ne m'avoient fait de bien. Il y a plus de vitriol dans une bouteille d'eau de Forges que dans une bouteille d'encre, et franchement je ne croi pas l'encre trop bon pour la santé. Je retournerai sûrement à la Riviere quand monsieur de Richelieu partira pour Forges. J'y retrouverai probablement quelques exemplaires de l'abbé de Chaulieu. Je vous donnerai les vers pour madame la duchesse de Bethune, et vous montrerai un petit ouvrage que j'ai déjà baucoup avancé et dont j'ose avoir quelque opinion puisque l'impitoiable mr de Richelieu en est content. Vous ne me reverrez pas probablement avec une meilleure santé, mais sûrement avec la même amitié. Faittes bien ma cour à monsieur et à madame de Berniere et à tous ceux qui sont à la Riviere.