ce samedi [3 July 1723]
Vous croiez bien que ce n'est pas mon plaisir qui me retient à Paris.
Mes malheureuses affaires sont cause que je ne pourai retourner chez vous de plus de 15 jours. Je vous assure que ce retardement est le plus grand de mes chagrins. Je n'irai point à Forges et probablement mr de Richelieu ne poura pas passer chez vous. Pour moy dès que je serai une fois à la Riviere je vous répons que je n'en sortirai plus. Vous devez savoir les nouvelles. Je ne croi pas que vous vous attendissiez à voir mr le Blanc remplacé par mr de Breteuil. Tout Paris trouve ce choix assez ridicule et on nomme déjà milord Colifichet pour premier ministre. Cependant les gens qui conoissent mr de Breteuil disent qu'il est très capable d'afaires et qu'il a baucoup d'esprit. Il est vrai qu'il a plus la figure d'un petit maitre que d'un secrétaire d’état. Vous devez savoir que jeudi dernier mr de la Vrilliere vint demander mr le Blanc chez mr l'archevêque de Vienne où il dinoit. Mr le Blanc quitta le dîner et dit à mr de la Vrilliere, mr venez vous m'arrêter? Mr de la Vrilliere luy dit que non mais qu'il venoit lui signifier un ordre de lui remettre tous les papiers qui concernent la guerre, et de se retirer à Doux, terre de mr de Trenel à quatorze lieues de Paris. Mr le Blanc ne partit pour son exil qu’à deux heures après minuit.
Paris est toujours inondé des chansons dont je vous ai parlé et que je n'ai pu vous envoier. Je vous les aporterai à mon retour. Présentez mes respects je vous prie à madame de Leseau. Je me flatte de la retrouver à votre campagne quand je serai assez heureux pour y venir chercher la tranquilité qu'assurément je n'ai pas dans ce pays ci. La plume me tombe des mains, je suis si malade que je ne peux pas écrire davantage.