1724-08-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je ne sai mon cher Tiriot si je vous ai mandé qu'on a fait une nouvelle édition du poème acompagnée de baucoup de pièces fugitives dont quelques unes ne sont pas de moy et dont les autres ne sont pas ce que j'ai fait de mieux.
Je vais travailler incessament à en faire saisir les exemplaires. A l’égard de ma pauvre Marianne, quelque bien écritte qu'elle soit je ne sai si je la ferai imprimer. Le sujet m'en paroit si peu intéressant que je crains d'avoir fait inutilement de baux vers. J'ai bien envie d'abandonner tout cela et de songer uniquement à Henri quatre. J'ai été forcé de venir à Paris pour arranger quelques affaires. Mais lorsque je les aurai finies j'ai grande envie de me retirer dans quelque campagne dont je ne prétens sortir que lorsque notre poème sera entièrement achevé. Je sens que je donnerai de tout mon cœur la préférence à la Riviere et c'est assurément ce que je peux faire de mieux si je consulte la raison et mon plaisir.