C'est une chose misérable que le peu d'exactitude de la poste de st Germain.
On est huit jours à recevoir une lettre de Normandie. Ecrivez moi je vous en prie à Paris sous l'enveloppe de monsieur de Maisons. Je n'ai point de nouvelle de Monsieur de Berniere. C'est à vous que j'en demande. Mandez moi s'il retourne à la Riviere, et comment va son affaire de tabac dont vous ne me dittes mot. Je voudrois bien que l'espérance des richesses que vous allez posséder ne vous empêchât pas de rester à votre campagne jusqu’à la fin de décembre. Si vous êtes capable de prendre cette sage résolution, je partirai dès que j'aurai reçu votre réponse, et ramènerai Marianne et la charette de Mr de Machonville qu'il apelle sa chaise de poste. Mandez moi donc bien sérieusement votre résolution afin que vous décidiez de ma destinée. Il n'y a châtau dans le monde à qui je donnasse la préférence sur le vôtre, et il est juste d'ailleurs que Marianne aille respirer son air natal. Je vous ai mandé la mort de madame Daumont. Monsieur son fils a la petite Vérolle d'hier. Madame de Seignelai l'a aussi. Paris est ravagé par cette maladie. C'est encor une raison pour vous tenir à la campagne un peu avant dans l'hiver. J'aporterai à mr de Tiriot le petit livre qu'il m'a demandé. Je lui serai infiniment obligé s'il veut bien continuer ses soins pour notre bon roi Henri. Ecrivez moi aussi comment va l'affaire de V. Bauregard est toujours au Chatelet. J'ai envie de le laisser là un peu de temps. Ecrivez moi vite car je pars dès que j'aurai lu votre lettre. Adieu. Je vous aime tendrement et fort indépendamment de touttes les obligations que je vous ai.
à Maisons ce 30 octobre [1723]