[? c. 1 June 1725]
Enfin je ne suis plus tout à fait si mourant que je l'étois; à mesure que je renais je sens revivre aussi ma tendre amitié pour vous, et augmenter les remords secrets de ne vous écrire qu'en prose.
Je vous verrai bientôt mon cher Cideville; j'attens avec impatience le moment où je pourai partir pour la Normandie dont je fais ma patrie puis qu'elle est la vôtre. Je vous écris d'un pays bien étranger pour moy, c'est Versailles, dont les habitans ne conoissent ny la prose ny les vers; je me console icy de l'ennui qu'ils me donnent par le plaisir de vous écrire et par l'espérance de vous voir. Si vos amis se souvenoient encor d'un pauvre moribond, je vous prierois de leur faire mille complimens de ma part. Adieu. Soiez un peu sensible à la tendre amitié que Voltaire aura pour vous toutte sa vie.