1718-07-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Phélypeaux, marquis de La Vrillière.

Monseigneur,

Les obligations que je vous ai m'encouragent à vous demander de nouvelles grâces.
Vous concevez bien ce que c'est que le supplice d'un homme qui voit Paris de sa maison de campagne et qui n'a pas la liberté d'y aller. Je vous supplie de me permettre d'y passer trois jours pour des affaires très importantes pour moi, et parmi lesquelles une des plus intéressantes est de vous faire ma cour et de vous remercier de toutes vos bontés. Un petit voyage à Paris, dans la situation où je suis, ressemble assez à la goutte d'eau que demande le mauvais riche. Serais je assez malheureux pour être refusé comme lui? M. le baron de Breteuil, qui doit vous rendre cette lettre, vous dira peut-être que je ne suis point indigne de la clémence de monseigneur le régent; mais il ne vous dira jamais combien je vous suis dévoué et avec quelle sincère vénération je suis, etc.