1818-07-02, de Félicité de Lamennais à Mademoiselle Cornulier de Lucinière.

Je reçois à l'instant même de Saint-Malo, mon excellente amie, votre lettre du 27 juin, à laquelle notre très-bon Père et Mlle de Tremereuc ont bien voulu ajouter quelques lignes, qui m'ont fait et grand bien et grand plaisir. Je n'ai qu'un moment pour vous répondre par le retour du courrier, et j'en profite pour vous assurer que je suis entièrement à vos ordres. Disposez donc librement de moi; vous ne pouvez me donner une meilleure preuve d'amitié.

Afin de régler mon voyage, il serait à désirer que je connusse dans le courant de juillet la détermination du P. Antoine. S'il refuse votre procuration, je m'en chargerai et me rendrai de suite àLucinière. Dans ce cas, il sera bon que vous me marquiez (à Rennes), dans le plus grand détail, tout ce que vous savez de vos affaires. Ne doutez pas que je ne mette dans la discussion de vos intérêts, avec le soin scrupuleux sur lequel vous avez le droit de compter, tous les égards qui sont dus à M. votre frère; je connais vos intentions, vos sentiments, et ils seront ma règle, s'il arrive que je sois substitué au P. Antoine.

Tranquillisez-vous donc, tout ira bien. Je crois, au reste, que vous avez raison de ne point aller en Bretagne. J'écrivis hier un mot à notre chère Mlle de Tremereuc ; je répondrai samedi à notre si bon et si tendre Père. Dites-leur, je vous en prie, que je pense, comme eux, qu'il faut avoir une maison qui nous convienne parfaitement.

En revoyant mes comptes de Saint-Malo, j'ai trouvé qu'il me revenait une assez jolie somme, et nous pouvons, je crois, compter sur environ 6,000 francs de plus que nous n'avions calculé avant mon départ.

On m'interrompt. Mille choses bien tendres à tous nos amis. Embrassez, s'il vous plaît, pour moi, nos chères petites filles. Tout à vous pour la vie.