Mâcon, 24 avril 1810.
Puisque tu m'as donné des louanges qui m'ont d'autant plus flatté que je te connais bon juge et peu flatteur, je m'en vais te régaler ou t'ennuyer d'un petit morceau presque impromptu, et à peine achevé, que j'ai fait ce malin, et ces deux ou trois jours-ci, c'est la première édition, dis-m'en ton avis franchement, quoique cela n'en vaille guère la peine; je l'en saurai bon gré. Préfères-tu des vers de dix pieds?
Qu'en penses-tu? qu'est-ce que c'est? quel titre faut-il lui donner? Est-ce une épître, un discours en vers, une boutade, un caprice, etc., etc.? Mets-y le, si tu la trouves passable. Je suis toujours dans les mêmes tristes circonstances et j'ai besoin d'avis et d'amis. Je pars pour Dijon un de ces jours, seulement pour quelques semaines. Écris-moi toujours bien vite à la même adresse, à Mâcon ; on me fera passer les lettres où je serai.
Adieu, la poste part; je vais me mettre à notre morceau d'histoire, sérieusement; travailles-y aussi tout de suite. Voilà le beau temps qui me réjouit ; je me lève à six heures, j'ouvre ma fenêtre, qui donne sur un petit jardin, et je m'occupe jusqu'à une heure; c'est là ma plus grande, mon unique jouissance, vos lettres à part.
Dieu des êtres pensants, dieu des coeurs fortunés,Conservez les désirs que vous m'avez donnés,Ce goût de l'amitié, cette ardeur pour l'étude,Cet amour des beaux-arts et de la solitudeVoilà mes passions, etc., etc.
, Disc, en vers.