Mâcon, 10 janvier 1808.
J'ai reçu hier ta lettre. Je suis au désespoir de l'inquiétude que mon silence t'a donnée. Je t'en ai dit les raisons et je pense avoir obtenu ma grâce. L'ode que tu m'as fait le plaisir de m'envoyer m'a plu infiniment. Tu fais des progrès qui commencent à me faire peur. Je voudrais seulement que tu ne délayasses pas tant les vers latins pour faire les français, surtout dans le commencement de l'ode. Pour les autres vers sur le paysage, ils sont un peu trop longs, il n'en faudrait que deux ou trois. Du reste ils sont bien plus purs et plus soignés qu'à l'ordinaire. Continue et dans un an nous ne serons pas dignes de délier les cordons de les souliers. Je le dis cela franchement et comme je le pense. Je ne fais rien depuis un mois. J'ai été obligé de céder ma chambre à des officiers qui sont ici en très-grand nombre. J'ai été malade et tout cela m'a dérangé beaucoup. Je ne dirai pas comme toi : « tristitiam et metus, » tant s'en faut, mais comme Gilbert :
Cependant il y a quelque temps que je faisais encore le gentil dans le commencement d'une épître à Virieu :
Je les ai laissés là. Qu'en penses-tu franchement? La conscription vient de retarder mon petit voyage de Lyon, je ne le ferai que dans huit jours, après avoir tiré. Écris-moi, à Monsieur Alphonse de Lamartine, chez Mme Vasse Roquemont, rue Saint-Dominique, à Lyon. J'y resterai peut-être quinze jours.
Adieu,
ton meilleur ami,
ALPHONSE DE LAMARTINE.