1856-12-20, de  Delacroix, Eugène à  Vitet, Ludovic.

Cher Monsieur 2,

Depuis que je vous ai rencontré j’ai été arrêté chez moi par une indisposition qui a coupé court à mes démarches pour l’Académie3. J’avais pensé tout de suite à aller vous en entretenir ; je suis sorti hier sans vous rencontrer et ce matin je me sens mal à l’aise et n’ose quitter le coin du feu. Je prends donc la liberté de vous recommander cet objet de nos poursuites dans ce moment : j’ai pensé qu’à l’occasion, vous raccommoderiez mes affaires avec ceux des artistes académiciens que j’ai à [p. 2] amadouer et le nombre en est malheureusement assez grand. Je suis surpris cependant, depuis le commencement de mes démarches, d’avoir trouvé dans quelques-uns d’entre eux un commencement de sympathie, mais je parle d’un petit nombre. Je ne me flatte aucunement pour l’élection qui est actuellement sur le tapis, mais on ne me décourage point pour l’avenir : je pense que dans ma situation, c’est beaucoup de gagné.

Je vous suis d’avance bien reconnaissant et vous prie de recevoir mille dévouements.

Eug. Delacroix