1850-08-21, de  Delacroix, Eugène à  Mouilleron, Adolphe.
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Mon cher Monsieur,

Je prends la liberté de vous adresser M. Fajans 1, jeune artiste polonais qui est venu à Paris dans le but surtout d’apprendre les procédés de l’imprimerie lithographique et de voir les personnes les plus habiles à dessiner sur pierre. Vous pensez bien que pour ce dernier article, j’ai pensé tout de suite à vous. Serai-je indiscret en vous priant de l’accueillir favorablement : il m’est recommandé par des personnes pour qui j’ai une grande vénération et auxquelles je désirerais bien être agréable2 ; vous seriez donc bien aimable de l’accueillir et de plus, de le présenter à M. Bertauts 3, afin qu’il puisse prendre les renseignements nécessaires pour établir une presse à Varsovie et en tirer parti. Comme M. Bertauts est le plus habile et que de plus, je vous ai entendu dire que c’était un excellent homme, p.2 le but de M. Fajans serait complètement rempli et j’en verrais avec bien du plaisir augmenter encore les obligations que je vous ai déjà.

Je suis passé à Bruxelles pendant que vous y étiez, à ce qu’on m’a dit4. J’étais tellement pressé, ayant à peine séjourné et voulant tout revoir, que j’ai eu le regret de ne pouvoir vous chercher. J’ai été émerveillé comme je le suis de plus en plus toutes les fois que je vais dans ce pays5.

Adieu mon cher Monsieur, recevez avec mes excuses l’expression de mes sentiments bien affectueux et de mon sincère dévouement.

Eugène Delacroix

Soyez assez bon pour donner à mon jeune dessinateur des conseils sur la lithographie. Je l’envoie à la source et quelques mots de vous à propos lui épargneront bien des recherches.