[p. 1] Ce 21 septembre 1859
Madame,
Vous aurez reçu sans doute la lettre que je vous adressais à Paris où, d’après l’avis de M. Berlioz, je vous croyais encore être, dans laquelle je me mettais à votre disposition pour causer d’Orphée et vous porter mon croquis 1. Ne recevant pas de réponse, j’ai envoyé chez vous où l’on m’a appris que vous étiez repartie. Je prends donc le parti de vous envoyer ce dessin très important, sur lequel j’espérais vous donner des éclaircissements. Néanmoins, puisque vous êtes bien aise, en étudiant, de vous faire une idée de votre costume, celui-ci, s’il vous convient en somme, pourra arrêter vos idées sur quelque chose2. Peut-être faudrait-il préférer, pour donner plus de légèreté, de faire les manches très courtes et relevées, comme vous pouvez le voir dans [p. 2] un petit croquis qui est indiqué au haut de la feuille (et à la plume dans une autre feuille)3.
Je ne saurais vous dire combien je me réjouis à l’avance de voir cette belle musique interprétée par une artiste telle que vous4. Je suis depuis longtemps brouillé avec la musique ; elle n’est plus que dans mes souvenirs.
Mille nouveaux respects, Madame, et assurances du plus sincère dévouement.
Eugène Delacroix