[p. 1] Ce 8 décembre
Ma chère Madame Pierret,
J’ai bien regretté de ne pas m’être trouvé chez moi quand vous avez pris la peine d’y passer, et notamment le jour où Marie et vous m’avez apporté les deux jolis vases dont je la remercie beaucoup1.
J’ai été très enrhumé ces derniers temps. Je vais mieux maintenant et je profite de ce mieux pour m’occuper de mon établissement dans le faubourg Saint-Germain 2. Quant aux visites, même celles qui me seraient les plus agréables, je suis forcé de m’en abstenir et je ne vais véritablement nulle part que pour des motifs impérieux. Soyez donc assez bonne pour ne pas m’en vouloir. J’ai été si éprouvé l’hiver dernier, et ma santé est encore si facile à ébranler, que je prends toutes les précautions imaginables pour traverser cette [p. 2] saison sans trop d’accidents.
Recevez donc, en attendant que je puisse aller vous voir, mille et mille assurances de mon bien sincère attachement.
E. Delacroix