[p. 1] Ce 16 décembre
Ma chère Madame Pierret,
Je ne reviens qu’à présent de la campagne 1 et je ne puis faire compliment à Marie sur le cadeau qu’elle m’a fait qu’à propos des progrès qu’elle y montre2. Il faut que je vous dise que des cadeaux de cette valeur, par le temps et les frais qu’ils comportent, sont très gênants pour celui qui les reçoit. Je ne peux dans ma situation les reconnaître convenablement, et d’une autre part je ne puis consentir à prendre le temps et le travail d’une personne qui vit de son talent ; veuillez donc me pardonner si je vous dis que toute ma vieille amitié pour vous ne [p. 2] saurait m’empêcher de m’en trouver à l’avenir très désobligé ; vous en jugerez quand mon portier a pris soin de me dire, sur votre recommandation, que chacune de ces assiettes valait trente francs.
Pardonnez-moi ma franchise nécessaire, ma chère madame Pierret, et croyez, ainsi que Marie, à ma bien sincère amitié.
E. Delacroix