1856-02-18, de  Delacroix, Eugène à  Varcollier, Augustin.

Mon cher ami 2,

j’ai eu depuis que je vous ai vu un bien grand chagrin : j’ai perdu le dernier parent que j’avais du coté de ma mère : c’était une mère et une fille pour moi3. Vous savez mieux que tout autre ce que c’est que les pertes qui tranchent une des racines qui attachent le cœur ; l’irréparable est affreux.

J'ai donc vécu bien tristement et mal portant. Nous nous étions rencontrés au milieu du deuil et ce n’est pas encore le seul chagrin que j’ai éprouvé dans cet espace de temps si court. Ils naissent vite et durent longtemps.

Je vous embrasse en attendant jeudi4.

Eug. Delacroix