Le 26 mai [1778], à Paris
Mon cher Wagnière, mon oncle va beaucoup mieux depuis hier, et j'espère que nous le conserverons, mais c'est à cause de cela même qu'il faut que vous reveniez le plus vite possible.
Nous sommes convenus avec mon oncle qu'il ne faut pas affermer Ferney. Il faut que Poramy la régisse toujours; c'est un honnête homme qui connaît bien cette terre; il faut qu'il vende les denrées et qu'il rende compte de l'argent.
Je crois qu'il faut laisser à Saint-Louis son habit et son chapeau. Je ne peux trop vous donner de réponse sur les autres choses.
Mon cher ami, voyez les arrangements que vous prendrez pour faire venir ma berline. Comment faites vous pour la vaisselle d'argent? Tâchez de la bien emballer. Je crois que vous ferez bien d'adresser les livres de mon oncle à m. Le Noir, lieutenant de police, et de nous en donner avis.
Si vous avez quelque affaire que vous ne puissiez pas finir, chargez en Christin. Je lui écris que mon oncle va mieux, et j'espère que nous le conserverons encore longtemps.
Notre maison avance; elle sera prête au plus tard vers le 10 juin, mais nous ne pourrons peut-être y aller qu'à la fin du mois.
Dites, je vous prie, à la Perrachon de m'envoyer tous les petits articles qu'elle a mis à part et qu'elle ne m'a pas envoyés, en un mot, tout ce qui est à moi.
Madame Cramer Dallon a trois volumes à moi des chansons de m. de la Borde. Je vous supplie de vouloir bien les lui demander et de les apporter. J'ai une édition de la Henriade en deux volumes en maroquin, apportez la moi aussi.
Adieu, mon cher ami; je suis aujourd'hui bien plus contente. Comptez sur mon inviolable amitié. Embrassez votre femme et votre fille pour moi. Je voudrais bien qu'elles fussent à Paris.
Denis
Faites dire à Dupuits que mon oncle va mieux.