1778-05-08, de Marie Louise Denis à Jean Louis Wagnière.

Mon cher Vagniere, souvenez vous je vous prie si vous m'envoiez ma Breline faites la remettre sur le train de Paris.
Je le crois très bon et il sera bien plus fort que celui sur lequel elle est actuellement. Ajoutez à mes Livres, je vous prie, celui du chevalier de Chatelet rèlié en maroquin, une belle Henriade avec des estampes superbes, Lamotte si mon oncle ne l'apporte pas. J'ai Buffon en trente et quelque volumes, je voudrais que vous le donnassiez à Mr Dupui à qui je l'ai promis.

Il me faut aussi l'histoire de Louis 13 en 4 volumes De Mr  . . . . J'ai oublié le nom, mais je n'ai que celle là, et apportez de Longuent de Récourt.

Adieu, mon ami, tu dois être bien content de revoir ta femme. Dis à Mr Dupy que dez que je me porterai bien et que je pourrai voir du monde je songerai à son affaire. Mon oncle se porte bien, il va à l'académie et il y crie comme un diable. Il veut leur faire faire un nouveau Dictionnaire. Ces Messieurs rechignent, ils craignent que cela ne leur donne trop de peine.

Embrassés madame Vagniere pour moi, je lui recommande de m'envoïer toutes mes affaires car je n'entends pas plus parler de la Pèrrachon que si elle était morte.

En cas que le cocher et la Louison aient quelque peine à quitter leur païs, qu'ils ne viennent pas. Nous avons icy plus de gens que nous n'en voulons, ce n'est que pour leur faire plaisir que je leur ai proposée de [venir]. Je vous embrasse mon cher Vagniere, je vous aime, vous, votre femme et votre fille de tout mon coeur.

Nous attendons de vos nouvelles avec la dernière impatience.

Denis

Mlle Agnes et moi Mainssonnat nous vous embrassons de toute notre âme et Madame Vagniere, et votre demoiselle aussy. Nous vous souhaitons beaucoup de santé et de plaisir. Pour moi j'ai manqué de me battre avec Villette, c'est Le plus singulier B. que je connaisse, Dieu le bénisse, il en a très besoin.

Valeas bèné.