1771-02-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Si j’étais à Paris mon cher philosophe, je me ferais votre clerc, votre commissionaire, votre solliciteur.
Je frapperais à touttes les portes. Je crierais à touttes les oreilles. Tout ce que je puis faire dans le triste état où je suis c’est d’écrire à mr le chancellier, c’est d’intéresser sa gloire à signaler son ministère par cette belle action. J’en aurai bientôt l’occasion la plus favorable. Mr de la Ponce vous servira auprès de Mr Marie, qui dressera le raport. Mais c’est le chancelier qu’il nous faut. C’est de lui que tout dépend. Mes obéissances à Mr Cheri. Portez vous bien, écrivez moi, aimez moy.

V.

Si vous avez quelques instructions à me faire parvenir, envoiez les moy par mr Marin, secrétaire général de la librairie, rue des filles St Thomas. Il est bon même de me faire parvenir touttes vos lettres par cette voye.

Il me semble qu’on se soucie fort peu à Paris du parlement. Au bout du compte, il est dans son tort avec le Roy, et l’assassinat du chevalier de L. B. et de Lalli ne doit pas le rendre cher à la nation.