16e Mars 1772, à Ferney
Je vous envoie, mon cher ami, à Monsieur Tabareau et à vous, le 9e volume des questions sur l’enciclopédie qui m’est tombé entre les mains.
Je souhaitte que celà vous amuse tout deux dans vos moments de loisir.
Je vous prie de recommander à Rosset l’affaire de l’avocat Du Roncel. Il est très important, à mon avis, qu’il retranche dans l’épître dédicatoire les lignes qui concernent l’inquisition et les assassinats juridiques. Celà est étranger à la cause, et peut être dangereux.
La représentation sur vôtre théâtre me parait une chose très délicate. Il faudrait de très bons acteurs, et vous n’en avez, dit-on, ni à Lyon, ni à Paris. Une mauvaise pièce réussit avec de bons comédiens, et tombe avec de mauvais.
Je n’ai point eu de nouvelles de Mr Jonval que vous m’aviez recommandé. On m’a mandé qu’il ne s’appelle point Jonval, mais Porchelet, et qu’il se disait de l’ancienne maison des Porchetets en Provence. On ajoute qu’il travaillait à des brochures à Paris. On m’avertit qu’il faut beaucoup m’en défier. Je veux regarder ces avertissements comme des calomnies. Lorsque des gens de lettres disent du mal d’un homme de lettres, je suspends mon jugement, mais quand ils en disent du bien je les crois.
Tirez donc au clair, je vous en prie, la mort de cette pauvre femme de charge et de décharge.
Voulez vous bien que je vous adresse ce petit paquet pour m. Sherer, et cet autre pr mr Marie, et cet autre encor pr mr Marin? Vale, et me ama.
V.