12e Mars 1772 à Ferney
Mon cher correspondant, j’ai communiqué vôtre Lettre à Monsr Du Roncel qui ne poura venir à Lyon, mais qui est très flatté de vos sentiments, et de l’honneur que vous voulez bien lui faire.
Il craint que vôtre protègé Rosset n’essuie quelques difficultés pour l’impression de l’épitre dédicatoire. Il y a un petit mot sur l’inquisition qui pourait révolter les âmes catholiques. En ce cas, l’avocat Du Roncel dit qu’il ne faut chagriner personne, et qu’il n’y aurait qu’à retrancher la phrase qui manque de respect à la sainte inquisition.
Il pense d’ailleurs que cette pièce est toute propre pour vôtre beau théâtre; mais on dit que vos comédiens ne savent pas réciter des vers, et qu’ils auraient besoin de quelqu’un qui leur aprit à déclamer. Que Rosset commence toujours par imprimer.
Si vous avez quelque chose de nouveau touchant la femme de charge, ou de décharge, vous me ferez plaisir de m’en instruire, car je suis curieux. On dit que le primat a étouffé cette affaire.
Adieu mon cher ami; j’ai été bien étonné de ce drame d’un avocat de province; il est écrit en français d’un bout à l’autre.