26 décemb. [1762]
Mon frère, renvoyez moi, je vous prie, mon Moïse et mon canevas de chapitre pour l'histoire, dûment revu par les frères.
Il me paraît que l'affaire des Calas prend un bon tour dans les esprits. L'élargissement des demoiselles Calas prouve bien que le ministère ne croit point Calas coupable; c'est beaucoup. Il me paraît impossible à présent que le conseil n'ordonne pas la révision. Ce sera un grand coup porté au fanatisme. Ne pourra-t-on pas en profiter? ne coupera-t-on pas à la fin les têtes de cette hydre?
Je certifie toujours que je n'ai reçu de frère Thiriot qu'un petit billet du 1er novembre. Je lui avais demandé la meilleure histoire du Languedoc, car ce Languedoc est un peu le pays du fanatisme, et on pourrait y trouver de bons mémoires. Dieu merci, ce monstre fournit toujours des armes contre lui même.
Mon cher frère voudrait il me faire avoir presto, presto, un petit dictionnaire des conciles qui a paru, je crois, l'année passée? Cela cadrerait fort bien avec mon dictionnaire d'hérésies. La théologie m'amuse: la folie de l'esprit humain y est dans toute sa plénitude.
Je voudrais savoir ce que frère Thiriot a fait d'un sermon dont il avait trois exemplaires. Il doit au moins avoir converti trois personnes.
Aimez moi, mes chers frères; écrasez l'infâme.