13 décemb. [1762]
O mon cher frère, vous faites une action digne des beaux siècles de la philosophie.
Je vous remercie au nom de la vérité et du mien. J'ai fait sur le champ transcrire votre écrit qui m'enchante autant qu'il m'honore. Je vous renvoie le mien qui sera bien honoré d'être à côté du vôtre. Il est mieux qu'il n'était, parce qu'il est conforme à vos remarques autant que je l'ai pu. On m'assure que l'impertinent ouvrage que vous daignez réfuter et qui peut en imposer aux ignorants, est de la façon de Patouillet et de Caveyrac. J'ai cru y reconnaître le style de l'abominable auteur de l'apologie de la st Barthelemi. Il est juste que de mon côté je serve un peu la philosophie et les frères. Je vais insérer dans l'histoire générale un chapitre sur les gens de lettres et sur l'encyclopédie. Il sera fait de façon qu'Omer Fleury en rougira, et ne pourra ni se fâcher ni nuire.
Le mémoire de Loyseau vient fort bien après les autres. Ce sont trois batteries de canon qui battent la persécution en brèche. Je crois vous avoir déjà mandé qu'il paraîtrait en son temps, à l'occasion des Calas, un écrit sur la tolérance prouvée par les faits. O mes frères, combattons l' inf… jusqu'au dernier soupir! Frère Thiriot est du nombre des tièdes; il faut secouer son âme. Je n'ai reçu que douze lignes de lui depuis qu'il dort à Paris.
Jou-te-on encore Eponime? L'opéra comique soutient il toujours la gloire de la France?