8 n^bre [1762]

Mon frère vous pouvez avoir eu des convulsions à Paris, mais sûrement vous n'êtes pas devenu convulsionaire.
Je me flatte qu'à présent votre corps se porte aussi bien que votre âme.

Les lettres de Henri quatre que vous m'envoiez sont conformes à mon manuscript. Elles sont très curieuses et figureront à merveille dans l'histoire de ce monde.

Le plat libelle contre cette histoire ne ressemble guères à un docteur de Sorbonne. Il a tout l'air d'un Patouillet et d'un Caveirac. Comment ce Culture aurait il imprimé sa guenille à Avignon? comment un sorboniqueur aurait il pris le party du jésuitte Daniel? en tout cas si on lit le libelle tout ce qui concerne les faits, mérite réponse et elle est faitte. Si on ne le lit pas ma réponse est inutile.

Nous avons joué le droit du seigneur, et très bien, et en bonne compagnie. Vous devriez vous remuer, si vous pouvez, pour le faire jouer à Paris. Je voudrais que vous m'eussiez vu faire le bailli, et le prêtre car j'ai été hiérofante dans Olimpie. Cette dernière pièce m'a plus coûté à faire qu'à jouer et l'ouvrage de six jours est devenu l'ouvrage d'une année entière. On la représentera à Paris quand m^r Dargental le décidera: je ne suis pas pressé.

Les Crammer impriment àprésent le second volume de Pierre le grand sans oublier Pierre Corneille. Je vous dis touttes les nouvelles de l'école. S'il y en a de Paris souvenez vous de votre frère. Mad^e Denis et Cornelie Chifon vous font mille compliments.

Je vous prie instament de m'envoier une notte des petits débourséz que mon frère Damilaville a bien voulu faire pour moy. Je me flatte que dieu vous a fait la grâce de placer en bonnes mains les choses édifiantes dont vous étiez chargé en partant du pays des infidèles. Ne soyez ny paresseux ny tiède. Ecrazez l'infâme tant que vous pourez, et que dieu vous le rende.

V.