1761-08-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Que les frères m'accusent de paresse, s'ils l'osent.
J'ai tout Corneille sur les bras, l'histoire générale des mœurs, le czar, Jeanne, &a, &a et vingt lettres par jour à répondre: et il faut écrire à m. Delafargue, et je ne sais où le prendre. Il me semble que frère Thiriot sait sa demeure; il s'agit de ses vers, cela est important. Comment va l'encyclopédie? cela est un peu plus important.

Oui, volontiers, que les sadducéens périssent, mais que les pharisiens ne soient pas épargnés. On nous défait des chats, mais on nous laisse dévorer par des chiens.

On a eu grande peine à trouver le Grisel que demandent les frères: c'est grand dommage que pour notre édification nous ne puissions pas recouvrer cet ouvrage rare, d'autant plus utile à la bonne cause qu'il rend la mauvaise extrêmement ridicule.

Frère Thiriot est devenu bien paresseux. Un véritable frère ne devrait il pas avoir déjà envoyé les recherches sur le théâtre? Il faut le mettre en pénitence. Il n'est pas permis d'être tiède sur les ouvrages et sur le sang du grand Corneille.

J'embrasse les frères, et j'abhorre plus que jamais les ennemis de la raison et des lettres.