1761-12-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Je souhaite la bonne année 1762 aux frères.
Je m'y prends de bonne heure, car j'ai hâte.

Quelle nouvelle du Parnasse et du théâtre, et même des affaires profanes?

Frère Helvétius est il revenu à Paris?

Frère Thiriot augmentera-t-il de paresse?

A quand l'Encyclopédie? l'aurons nous en 1762?

Que dit on de la santé de Clairon et de la vive Dangeville?

Le journal de Trévoux continue-t-il toujours?

Berthier est il ressuscité?

Crévier est il mort?

Qu'est-ce donc que ce livre de la Nature? est ce un abrégé de Lucrèce? est ce du vieux? est ce du nouveau? est ce du bon? S'il y a mica salis, envoyez le à votre frère du désert.

Est il vrai que le gouvernement emprunte quarante millions? et à qui, bon dieu? où trouvera-t-on ces quarante millions? Il y a des gens qui les ont gagnés, mais ceux-là ne les prêteront pas. Interim valete fratres.

Voici une lettre pour l'abbé Irail, auteur des belles querelles. Mais où demeure-t-il ce m. Blin de St Maur qui a fait de très jolis vers pour moi, et qui a tant fait parler la belle Gabrielle?