25 may 1778
Mon cher Vagniere, je suis dans une inquiétude mortelle.
Mon oncle est tombé malade depuis que vous êtes parti de sa strangurie. Elle a toujours augmentée et la fièvre s'y est jointe. Tous les accidens sont cessés mais il est d'une faiblesse si grande qu'elle nous èffraie et elle cause la mème inquiétude à Mr. Tronchin.
Vous savez mon cher ami que je n'ai de confiance qu'en vous. Revenez, votre maitre a besoin de vous, j'en ai besoin moi même. Apportez tous les papiers que vous pourrez, emballez des livres. Il vous demande avec impatience. Je crois que vous ne pouvez pas revenir avec la Berline, cela sertait trop Long. Il faut pourtant que la Pérrachon et cette Berline revienne. Je voulais envoier Jean François la chercher. Mon oncle s'y est oposé avant sa maladie et je n'ose trangresser ses ordres. Il faudra prendre un chartier de la ferme qui mène bien et qui soit un homme sûr. Enfin je ne peux vous donner de conseils, vous êtes sur les lieux, faites de votre mieux. Prenez quatre chevaux pour trainer la Berline, nous en vendrons deux et nous en garderons deux. Si vous avez quelque reste d'affaires à Ferney je m'en vais mander à Cristin de vous aller trouver et vous raisonerez ensembles. Excepté Mr. Cristin, je vous supplie de dire à Madame Vaniere de ne confier les clefs du château à personne qu'à Lui.
J'espère mon cher ami qu'à votre retour vous trouverez votre maître en meilleur état. Nous fesons de notre mieux pour le fortifier. J'ai grand besoin de vous car mon cœur emporte ma tète. Aportez tous les papiers que vous pourrez, c'est l'essentiel, et venez au plus vite. Vous connaissez mon amitié pour vous, elle est inaltérable.
Denis