à Ferney vendredy au matin 22e May 1778
Monsieur mon très cher maitre,
J'ai reçu à la fois avant hier, deux Lettres de vous, datées du 15, l'une du vôtre main, l'autre de celle de Mainsonat.
Je vois que j'ai fait une sotise en vous envoiant des asperges, je vous en demande pardon, et je le demanderai aussi à Mr D'Ogny. Je serais désespéré que mon indiscrétion l'eût indisposé. J'ose espérer que vous aurez la bonté de me la pardonner tout deux.
Vous avez dû recevoir actuellement tous les papiers que vous m'aviez demandé d'abord.
J'avais déjà mis à part les billets Candole, Beaumont, Florian contracts, Vaudenet, pour les porter avec moi; je vous les envoie suivant vos ordres. Mr Candole me paia avant hier 512£ pour les intérêts d'une année, échus le 21e Mars dernier du billet de 12800lt. Je lui dis que vous seriez dans la nécessité de retirer les sommes qu'il avait à vous. Il me répondit qu'il était à vos ordres; mais qu'il vous supliait seulement d'avoir la bonté de le faire prévenir quelque temps d'avance.
Made Gallatin m'a promis de paier lundi l'intérêt échu.
Je tiens une note éxacte du peu d'argent que je tire, et de celui que je livre, pour vous en rendre compte à mon retour. Plusieurs me remettent à l'arrivée de Mr Racle dont le retard m'afflige.
Vous devez certainement avoir reçu à présent des nouvelles de Mr Sherer; je vous envoie copie des deux Lettres qu'il m'a écrites le 12 et le 15 May.
Je vous envoie aussi ses deux derniers comptes qui étaient dans vôtre tiroir de papiers d'affaires. Je pense qu'il vous aura envoié aussi son nouveau compte jusqu'à ce jour.
Voicy aussi les papiers concernants la maison Gabard, où se trouve le certificat de Dunoyer.
Mr Maurier me mande que St Gérand lui a fait remettre vingt Louis à compte du billet. Je les prendrai à mon passage à Dijon.
Je vous envoie le contract avec Mr De Crassy. Il vous demandait que vous lui vendissiez purement et simplement le champ qu'il vous a donné en échange.
Vos Colons se jettent à vos pieds pour vous remercier de tout ce que vous daignez faire pour eux.
J'aurai soin de vous mener vôtre manteau de lit de satin. Je voudrais être déjà arrivé, je languis loin de vous, je suis dans la dernière inquiétude sur vôtre santé. Puissai-je en arrivant vous trouvé débarassé de vos souffrances!
Daignez toujours conserver vos bontés à vôtre enfant qui vous aime de tout son cœur, et qui est avec le plus profond respect
Monsieur mon très cher maître
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Wagniere
Ma petite famille est à vos pieds avec respect.
Mr Deflorian n'a point loué sa maison. Les Anglais sont partis.
Mr Dupuits n'a point fait imprimer, ni ne fera imprimer la traduction qu'il a faitte, il dit que personne ne veut s'en charger. Il m'a dit qu'il me la remettrait pour vous l'emporter.